La santé
Le développement de la Grande Muraille Verte s’accompagne de changements d’écosystèmes, avec la possibilité de modifications du profil épidémiologique. Or, aucune information sanitaire n’est disponible sur les populations des zones concernées par la Grande Muraille Verte, et il est donc d’autant plus difficile d’observer un quelconque changement lié à l’implantation de la GMV. C’est pourquoi, depuis 2010, des chercheurs et médecins français et sénégalais recueillent chaque année des données concernant la santé des populations de ces zones. Ces données portent sur deux types de maladies qui peuvent potentiellement être impactées par les modifications de l’environnement : les maladies transmissibles (d’origine bactérienne, parasitaire, mycosique, virale) et non transmissibles (hypertension artérielle, diabète, hypercholestérolémie, rhumatismes, accidents vasculaires cérébraux, carences nutritionnelles).
L'eau et les sols
La zone concernée par la Grande Muraille Verte est caractérisée par une pluviométrie erratique et peu importante (200 à 300 mm par an). Or, l’eau du sol dissout les éléments nutritifs pour constituer la solution absorbée par les racines. Pour qu’un sol soit productif, il doit donc stocker suffisamment d’eau pour les cultures et permettre à l’eau de pénétrer et de circuler afin de compenser l’évapotranspiration. En conséquence, au Sahel, la faible teneur en eau du sol constitue un facteur limitant dans l’implantation de la Grande Muraille Verte et dans le développement d’activités agricoles, pourtant nécessaires à la survie des populations. Les recherches de l’OHMi Téssékéré portent donc sur le choix des espèces d’arbre implantées au sein de la Grande Muraille Verte (ces derniers doivent être adaptés à une pluviométrie très faible) et sur la mise en place de jardins maraîchers. Ces recherches sur le sol et l’eau sont menées depuis 2010.
La Biodiversité (Faune / Flore / Interactions)
La désertification d’un milieu est associée à une perte de biodiversité. En implantant une bande végétale de 15 km de large en bordure du Sahel, le projet de la Grande Muraille Verte vise également à rétablir une variété d’espèces animales et végétales permettant le retour à l’équilibre écologique. L’observatoire a ainsi pour rôle d’établir un panorama de référence en termes de biodiversité végétale et animale, et d’analyser son évolution dans le temps et dans l’espace. L’équilibre écologique étant fonction des interactions constantes entre espèces floristiques et faunistiques, l’observatoire privilégie donc les recherches permettant d’analyser ces interactions, et les processus à l’origine de la disparition et/ou de la réapparition de certaines espèces.
Les systèmes sociaux
L’accentuation du processus de désertification au Sahel s’accompagne d’une précarisation des conditions de vie des populations rurales. Ces dernières sont si étroitement dépendantes des ressources naturelles que la capacité de régénération de celles‐ci et leur diversité fonctionnelle conditionne leur survie. Les interactions entre les hommes et leur milieu de vie constituent donc un des axes prioritaires de recherche de l’OHMi Téssékéré. En analysant les conséquences sociales et culturelles de l’implantation de la Grande Muraille Verte, il sera possible d’en faire un projet majeur pour pour les premiers Sénégalais concernés : ceux habitant la zone d’implantation de cette muraille. La garantie de la mise en œuvre, de la pérennité et de l’appropriation du projet de Grande Muraille Verte par les populations nécessite la conduite de recherches permettant de saisir le fonctionnement des systèmes sociaux locaux, le rapport à l’environnement végétal et animal et les modalités du vivre ensemble dans ces populations.