Résumé
Le lait au Ferlo est avant tout un produit saisonnier. La production est abondante en saison humide, avec le retour des pluies et des pâturages verdoyants. Malgré ce contexte saisonnier défavorable, de nombreux acteurs (politiques, ONG, communautés locales et investisseurs privés) voient dans le lait un vecteur de développement pour la zone sylvopastorale et, plus généralement, pour le Sénégal (Marsahll et al., 2016). Avec le développement des laiteries et de mini-laiteries, soutenu par des politiques publiques et des projets de développement, l’effet du secteur laitier s’est intensifié sur ces éleveurs situés en marge de la zone sylvopastorale notamment dans les régions en contact avec la vallée du fleuve Sénégal et du bassin arachidier (Corniaux, 2005) (Cesaro et al., 2010). Ces éleveurs profitent d’une plus large diversité de ressources agricoles et sont donc moins dépendants de la variabilité saisonnière (Lemaire et al., 2019). Cependant, cette intensification de la production nécessite des ajustements notables dans l’organisation du système pastoral dans son ensemble, que ce soit en termes de pratiques sociotechniques (sédentarisation du noyau laitier), d’organisation socio-économiques (division des familles), voir même d’alliances politiques avec des acteurs aux intérêts divergents : agriculteurs, commerçants, agro-industries (Magnani et al., 2019). Dans quel mesure ces changements de pratiques pour la production laitière impactent la durabilité et l'organisation du système sylvo-pastorale ? Est-ce que ce secteur apporte plus de durabilité et de résilience face aux grands changements globaux que vivent actuellement les éleveurs du Ferlo ?