
Projet 2014
Les captures de phlébotomes ont révélé une diversité et une abondance importante ainsi que la présence de Leishmania infantum.
Au moins deux facteurs non-exclusifs peuvent expliquer l’absence de Paludisme dans cette région à cette période. D’abord le retard des pluies nécessaires au développement des moustiques anophèles responsables de la transmission du paludisme. D’autre part, un investissement et un effort massif de la part des pouvoirs publics Sénégalais pour la lutte intégrée contre le paludisme. La présence du parasite responsable de la leishmaniose cutanée est préoccupante et justifie des études complémentaires. En particulier, de futures études dans cette région se concentreront sur les rongeurs (principaux réservoirs des parasites des leishmanioses), ainsi que sur le degré de contact hommes-phlébotomes. Enfin, les parasitoses intestinales et la bilharziose urinaire chez les enfants (et les mollusques, hôtes intermédiaires de cette maladie, dans les mares) seront recherchés.
- OHMI Téssékéré
Participants
Rapports N+
607 sujets ont été diagnostiqués par microscopie (goutte épaisse) et qPCR (sang récolté sur confetti) correspondant à 204 sujets ≤ 5 ans, 102 > 5 ans et 401 > 15 ans. La prévalence du paludisme au sein de ces différentes classes d’âges était de 0%. En d’autres termes, aucun cas de paludisme n’a été diagnostiqué par l’approche microscopique en Aout 2014 à Widou-Thiengholy.
Phlébotomes :
Un total de 636 phlébotomes ont été capturés :
• 439 par papier huilée: (terriers)
• 173 par piège CDC:
– 79 en intra domiciliaire
– 102 en extra domiciliaire (champs)
• 10 par pulvérisation intra domiciliaire
Parmi ces 636 phlébotomes, 337 mâles et 285 femelles ont pu être identifiés (14 NA).
Enfin, deux phlébotomes (1 S. schwetzi et 1 S. clydei) étaient infectés par Leishmania infantum, l’agent pathogène responsable de la leishmaniose cutanée.
Discussion :
Aucune infection palustre n’a été enregistrée au cours de l’université d’été à Widou en Aout 2014. La région médicale de Louga (nord) est actuellement dans une phase de pré-élimination du paludisme avec un nombre de cas de paludisme inférieur à cinq pour mille habitants. En particulier, 274 cas de paludisme ont été recensés au premier trimestre de l’année 2015, chez les 109.056 malades consultés dans les huit districts sanitaires de la région, soit 0,25 %. Ces résultats sont excellents comparés aux autres pays de la sous région et sont le fruit d’efforts massifs consentis par les pouvoirs publics et les partenaires internationaux dans le cadre du Programme de Lutte National contre le Paludisme (PNLP). Le PNLP a mis en œuvre une approche intégrée de la prévention et de la lutte au travers :
(i) La distribution de moustiquaires imprégnées à longue durée d’action,
(ii) Le test de diagnostic rapide gratuit
(iii) La disponibilité des combinaisons thérapeutiques à base d’artémisine (ACT)
(iv) L’accès aux soins facilité par l’accroissement du nombre des centres de santé ainsi que la formation d’équipes de santé mobiles.
(v) Le traitement intermittent préventif pendant la grossesse et chez les enfants de moins de cinq ans (cf la campagne de chimio-prévention du paludisme saisonnier en 2015).
Tous ces facteurs ont contribué ensemble à la diminution significative des cas de paludisme dans la région du Ferlo. Par contre une inquiétude apparait : cette baisse de prévalence s’accompagne d’un déclin rapide de l’immunité naturelle acquise par les populations locales les rendant ainsi plus vulnérables aux parasites. Ainsi les efforts de prévention et de lutte doivent être maintenus et étendus aux autres pays frontaliers afin de ne pas voir la mortalité s’accroitre au cours des prochaines années.
Enfin, il ne faut pas exclure les facteurs climatiques locaux pour expliquer l’absence de cas de paludisme en Aout 2014 à Widou. Cette année là, les pluies étaient exceptionnellement tardives (première grosse pluie le 20 Aout i.e. dernier jour de l’Université d’été). Ainsi les marigots, gîtes larvaires indispensables au développement des moustiques anophèles vecteurs du paludisme, étaient asséchés. La densité des anophèles vecteurs était très basse (observation personnelle) limitant ainsi la transmission du parasite.
Par ailleurs, un autre résultat important de notre étude est la présence de Leishmania infantum chez deux espèces de phlébotomes S. schwetzi et S. clydei. Il sera important à l’avenir d’établir la fréquence de contact de ces vecteurs avec l’homme. En outre, des recherches visant à identifier les réservoirs animaux de ces parasites (rongeurs, chiens) sont indispensables.
Conclusion :
Les populations rurales du Ferlo semblent être très peu concernées par le paludisme. Les efforts de prévention et de lutte doivent être maintenus au risque de voir la mortalité palustre s’accroitre dans les prochaines années suite à un déclin des défenses naturelles. La présence, chez les phlébotomes, de parasites responsables de Leishmanioses justifie la poursuite des recherches sur ce système vectoriel (réservoirs, homme, vecteurs, parasites).
Enfin ce projet a rempli son objectif général d’engager des recherches sur les maladies transmissibles avec la mise en place d’une collaboration entre équipes aux compétences complémentaires, approche indispensable pour répondre aux questions se situant à l’interface entre l’environnement, les sociétés humaines et la santé.
Photographies, images, illustrations...
Sur 636 phlébotomes, ont été capturés :
• 439 par papier huilée: (terriers)
• 173 par piège CDC:
– 79 en intra domiciliaire
– 102 en extra domiciliaire (champs)
• 10 par pulvérisation intra domiciliaire
Deux phlébotomes (1 S. schwetzi et 1 S. clydei) étaient infectés par Leishmania infantum.